L’intégration en emploi des jeunes avec un déficit de l’attention : conseils pour la rétention de cette main-d’œuvre

L’intégration en emploi des jeunes avec un déficit de l’attention : conseils pour la rétention de cette main-d’œuvre

Au fil des années, on observe une augmentation constante des diagnostics de trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). D’ailleurs, selon le rapport de l’Institut national de santé publique du Québec datant de mars 2019, en 2015-2016, il y avait, au Québec, 240 535 personnes âgées de 1 à 24 ans ayant reçu un diagnostic de TDAH. Le rapport démontre également que la proportion des gens avec un TDAH diffère selon l’âge des personnes et varie entre les régions, allant de 6,9 % à 16,6 %. ¹

Le TDAH, c’est quoi?

C’est un trouble neurodéveloppemental fréquent (comme l’indiquent les statistiques précédemment nommées) qui se caractérise par une difficulté persistante à moduler l’attention, se traduisant par « des erreurs d’inattention, une difficulté à maintenir l’attention de façon soutenue, à résister aux stimuli distracteurs, à organiser, débuter et à terminer une tâche, des oublis et une tendance à égarer ou perdre des objets. » ²  Ce n’est pas : de la paresse, un manque d’intérêt ou une excuse, et ce n’est pas relié à une mauvaise hygiène de vie ni à l’intelligence. ²

Pour plusieurs raisons, le parcours professionnel d’une personne ayant un TDAH peut s’avérer contraignant. Tout au long de leur parcours scolaire, plusieurs ont bénéficié d’accommodements tels que des locaux isolés et plus de temps lors des examens ou bien une aide à la prise de notes. ³ Puis, une fois arrivés sur le marché du travail, ces accommodements ne sont plus présents, et ces personnes sont laissées à elles-mêmes, ce qui peut rendre difficile l’intégration et le maintien en emploi. D’ailleurs, la stigmatisation et les préjugés qui entourent le TDAH leur posent souvent problème dans leur parcours professionnel puisque ce trouble est souvent méconnu et mal vu par les entreprises. ⁴ Pourtant, en étant sensibilisé sur le sujet et à l’écoute de leurs besoins, un employeur a tout intérêt à embaucher une personne ayant un TDAH puisqu’elle possède plusieurs forces, qui seront mentionnées plus loin dans ce texte. Le marché de l’emploi doit faire preuve d’adaptation face à cette nouvelle réalité et mettre en place des mécanismes pour retenir ces travailleurs. Comme le dit Lucille Doiron, directrice générale de l’Institut des troubles de l’apprentissage, « le prix à payer des accommodements est très faible par rapport au potentiel humain. » ³

Comment mieux accompagner et accommoder un jeune ayant un TDAH dans son entreprise?

Tout d’abord, l’attribution des fonctions et des tâches s’avère importante. Selon les recherches, lorsque les tâches sont liées à leurs champs d’intérêt et à leurs aptitudes, leur attention en serait améliorée. ⁵

De plus, il peut être utile de repenser l’environnement de travail et faire des aménagements adaptés à leurs besoins. Par exemple, on peut changer la place du bureau ou leur offrir un bureau isolé pour qu’ils ne soient pas dérangés par les gens qui passent, ou encore leur permettre d’utiliser des paravents ou des coquilles pour les oreilles afin de réduire les distractions. ⁴

En raison de ses difficultés de concentration, il peut s’avérer difficile pour une personne atteinte d’un TDAH de rester attentive lors des tâches routinières et du travail monotone. ^{4 6} Il peut donc être intéressant d’utiliser des stratégies pour briser la routine. Par exemple, dans une chaîne de montage, opter pour des rotations de poste tous les mois, ou dans le cadre d’un travail de préposé aux bénéficiaires, changer de patients toutes les 3 semaines. ⁶

Afin d’améliorer la gestion de plusieurs tâches qui s’accumulent, une rencontre avec l’employé, afin de réviser ses priorités, est une stratégie efficace pour l’accompagner dans son organisation. ⁶ Il est bénéfique de faire une description de tâches avec lui afin d’éviter qu’il ne s’éparpille. ⁶

Aussi, un autre moyen pourrait être d’avoir un horaire de travail flexible, ce qui peut aider à améliorer le rendement et l’attention de l’employé. Par exemple, ceux qui ont de la difficulté à s’endormir le soir vont être plus en forme en rentrant plus tard au travail. ⁶

Quelles sont leurs forces et pourquoi les engager?

Ce n’est pas parce que l’employé a un trouble du déficit de l’attention qu’il ne peut pas être performant. Bien au contraire, les personnes ayant un trouble d’apprentissage présentent un niveau de créativité et de résolution de problèmes hors de la moyenne. ³ Leur grande créativité leur permet de résoudre facilement des problèmes rencontrés au travail et d’expérimenter de nouvelles façons de faire qui peut servir à toute l’équipe. ⁷ D’ailleurs, leur façon de pensée distincte les amène à trouver des solutions inventives leur permettant d’être plus productifs. ⁷ Pour certains qui présentent de l’impulsivité, elle peut se traduire en force puisqu’elle peut se manifester en réagissant rapidement et sans préparation devant des situations imprévues et par l’ouverture à tenter de nouvelles expériences. ⁷

Grâce à leur grande créativité et à leur besoin d’adrénaline, plusieurs sont excellents dans le démarrage de projets. ⁶ En effet, le TDAH peut générer un engagement passionné envers un objet d’intérêt ou un projet, ce qui les amène à faire preuve de persistance, de résilience et de persévérance lorsque des défis se présentent devant eux. ⁷ D’ailleurs, pour ceux ayant de l’hyperactivité, lorsqu’ils sont orientés vers une activité passionnante, elle peut donner accès à un grand réservoir d’énergie. ⁸

En conclusion, il est temps de défaire les idées préconçues sur les jeunes atteints d’un TDAH en apprenant à mieux comprendre leur comportement et les effets causés par leur condition. Considérant l’augmentation constante des diagnostics de TDAH au Québec ainsi que des nombreuses forces y résultant, il serait bénéfique et dans l’intérêt des employeurs de s’adapter à leur réalité et à leurs besoins afin d’améliorer leur rétention en emploi.

Par : Andréanne Dupont, conseillère en emploi chez Intégration Compétences